Agnès Webster Costa : " Chez Fragonard, c'est une volonté d'être créatif"
Entre deux voyages, sa vie de maman, et son carnet de note, elle dirige Fragonard avec énergie et passion aux côtés de sa soeur Françoise.
Fragonard existe depuis plus de 80 ans, comment expliquer ce succès ?
Notre force c'est de proposer à notre clientèle des produits de parfumerie de qualité à un bon rapport qualité-prix tout en leur donnant une dimension culturelle. Chez Fragonard le client peut voir comment se fabrique un parfum, un savon ou une crème.
Vous faites beaucoup de lancements qui sont suivis de produits dérivés, pourquoi ?
C'est une volonté d'être très créatif. Nous sommes fabricants et distributeurs donc on a une certaine liberté. Cependant, notre production est raisonnée. On fait évoluer une gamme parce qu'elle répond à une demande de la clientèle ou parce qu'elle répond à l'envie de raconter une histoire, suite à l'un de mes voyages. L'année prochaine par exemple, nous allons dédier Fragonard à la route de la soie. Nous allons créer des produits parfumés en nous inspirant des produits de cette région.
Fragonard ce n'est pas que du parfum, c'est aussi ?
L'art de vivre, mais NOTRE " art de vivre ". C'est ce que nous essayons de traduire à travers " Le café des Musées " et les boutiques Fragonard. Cet art de vivre passe par un volet culturel (Musée du parfum, Musée Fragonard et Musée du Costume) et par des produits dérivés art de la table, cadeaux, bijoux... Qui ne sont que des pièces que nous aimons et qu'on utilise aussi chez nous. Nous voulons partager.
Le parfum est -t-il toujours le fil conducteur ?
Oui. Nous sommes avant tout parfumeur. François Muracciole, notre architecte qui a rénové l'usine et conçu nos boutiques a très bien traduit les codes de la parfumerie dans ces espaces tout en y apportant une note contemporaine.
Quel est le positionnement de Fragonard ?
Nous avons un positionnement de niche. Nous voulons proposer du luxe à prix abordable. Nous travaillons beaucoup pour avoir une qualité irréprochable sur tous les niveaux. Comme nous sommes indépendants et que nous avons nos propres boutiques nos produits ne sont pas disponibles partout, c'est une volonté, même si bien nous aspirons à nous développer. Mais nous tenons à le faire à notre rythme et comme en l'entend.
Justement, quels sont vos projets ?
Nous allons agrandir la boutique de Cannes pour qu'on puisse proposer un espace de vente de plus de 1 000 m2. Nous allons y installer aussi une salle de cours de parfumerie. J'aimerais bien aussi ouvrir une boutique à l'étranger. Pourquoi pas à Miami ou à Londres, deux villes auxquelles je suis attachées.
Vous dirigez l'entreprise familiale avec vos sœurs comment travaillez-vous ?
Nous sommes trois sœurs qui dirigeons l'entreprise avec beaucoup d'entente. Nous avons chacune une personnalité différente mais nous partageons la même vision. C'est toute une éducation. Nous travaillons en collaboration sur tous les développements de la parfumerie. Je propose beaucoup d'idées, Françoise est plus sur la partie administrative et budgétaire tandis qu'Anne qui est docteur s'occupe de la cosmétologie à l'usine à Eze. Je m'occupe particulièrement de la partie Art de vivre. Pour créer les gammes, nous utilisons beaucoup de tissus anciens et on s'inspire des collections du Musée du costume.
Vous avez commencé à travailler dans l'entreprise à l'âge de 22 ans. Est-ce que cela a été facile ?
Nous avons intégré l'entreprise en tant que "filles du patron"; "jeunes", et "femmes". Autant dire que cela n'a pas été évident de s'imposer dans un milieu d'hommes en fin de carrière. Aujourd'hui, les choses sont différentes. Nous sommes une majorité de femmes. Nous travaillons toujours avec des hommes évidement, mais nous veillons à ce qu'ils ne soient pas trop machos (sourire).
Quels chefs d'entreprise êtes-vous ?
Nous sommes très proches de nos équipes. Nous faisons confiance à nos collaborateurs. On leur laisse beaucoup de responsabilités pour qu'ils soient autonomes. Nous travaillons avec beaucoup d'empathie. C'est notre deuxième famille.
Aimeriez-vous que vos enfants prennent votre succession ?
Ils sont encore trop jeunes pour l'instant pour penser à cela. Dire à son enfant "tu prendras ma succession " ce n'est pas trop dans l'air du temps. Ils feront ce qu'ils veulent. C'est important la liberté.