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Beauté
23/06/2005

"Votre sillage olfactif, c'est vous, invisible"

Patty Canac est enseignante à l'Institut Supérieur de la Parfumerie (Isipca) et anime des ateliers pour Thierry Mugler. Elle nous explique comment un parfum peut s'identifier à une personnalité...

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Les parfums deviennent-ils plus personnels ?
Patty Canac
Depuis toujours, le parfum a été fait pour représenter la personnalité. Des grands classiques comme Poison ou Opium ont été inventés pour aller à des femmes charismatiques. D'autres, au contraire, correspondent mieux à des caractères plus discrets, moins extravertis : ce sont des parfums de peau, plus étouffés. Enfin il y a une autre catégorie de parfums, ceux qui racontent des histoires, évoquent des paysages, comme par exemple les créations de Serge Lutens. Avec "Rahat Loukoum", on est transporté dans un souk d'Orient.

Que cherche-t-on lorsqu'on achète un parfum ?
Il y a deux types de clientèles. Tout d'abord, les femmes qui aiment les nouveautés et qui de toutes façons craqueront pour un parfum qui vient de sortir, non pas tant à cause de sa fragrance qu'à cause de son flacon novateur, du slogan de la pub, de l'impact de la marque… c'est ainsi que J'adore de Dior ou Chance de Chanel ont connu tout de suite un succès incroyable. Mais d'autre part, il y a aussi des femmes qui sont blasées, et qui recherchent plus d'informations car elles veulent trouver un parfum qui leur ressemble. Il va donc falloir former les vendeuses, non seulement à proposer la dernière nouveauté, mais encore à connaître véritablement les fragrances.

Comment choisir un parfum ?
Quand on cherche un parfum pour soi, il faut oublier le monde de la parfumerie et les innombrables flacons sur les étagères. Mais il faut se concentrer sur des goûts, des atmosphères, décrire vos sensations préférées, nommer ses attirances. Avez-vous envie d'une corbeille de fruits juteux ? D'un grand bouquet floral ? Ou encore d'une ambiance très boisée, sentant le teck ? Ensuite il ne s'agit que d'y faire correspondre des parfums : des notes hespéridées si on aime les agrumes, par exemple. On ne peut choisir un parfum que si l'on connaît à fond ses propres attentes.

Faut-il choisir des parfums en fonction des saisons ?
C'est un préjugé très répandu dans le monde occidental d'aujourd'hui, mais ce n'est qu'une invention marketing. Par exemple, se tourner vers des notes hespéridées dès qu'il fait plus de 20 degrés, c'est complètement arbitraire : dans des pays où il fait très chaud, comme par exemple le Maghreb, ce sont les parfums orientaux qui règnent en maîtres. Rien ne vous oblige à avoir envie de citron en été ! Au contraire, il y a des accords magnifiques avec de la frangipane, de la vanille ou du tiaré qui peuvent se révéler très enivrants avec la chaleur. Tout dépend de votre émotion personnelle.

A qui sont destinés les ateliers d'initiation au parfum qui fleurissent aujourd'hui ?
A tous ! Avec la multiplication des parfums, on a de plus en plus besoin que les gens s'y connaissent en senteurs. Participer à un atelier, c'est l'idéal. Une fois avertie, vous pourrez mieux choisir un parfum qui vous convienne. Aujourd'hui, on peut se former en une journée : avec les RTT, c'est très envisageable… Le public comprend autant d'hommes que de femmes et il est très divers, avec comme point commun la curiosité. Mes ateliers comprennent trois parties : l'une qui expose les mécanismes de l'olfaction, du nez jusqu'au cerveau, la deuxième consacrée à un voyage en senteurs autour du monde, et la troisième à examiner notre comportement face aux odeurs qui ont maintenant envahi tous les produits de la vie quotidienne.

Changer de parfum trop souvent peut-il nuire à la personnalité ?
Aujourd'hui, le zapping est la mode aussi bien pour les parfums que pour les maquillages ou les cosmétiques. Mais plus on en joue, plus on peut avoir de mal à se composer sa propre personnalité. Un parfum, c'est un sillage, une émotion attachée à vous. Si l'on utilise toujours le même, on va créer une entité, une reconnaissance olfactive, une confirmation de votre caractère et de votre charisme. Même quand vous aurez quitté une pièce, on pourra sentir votre parfum et reconnaître votre passage. Si vous êtes séparée de votre amoureux, il pourra penser à vous grâce à un mouchoir imprégné de votre parfum. Ou bien encore, un enfant sera rassuré par un vêtement imprégné de l'odeur de sa maman. C'est vous, invisible. Or si vous changez de parfum tous les deux jours, vous ne pourrez pas laisser cette fameuse entité invisible.

Quel effet ce zapping a-t-il eu sur le rapport au parfum ?
Un parfum n'est plus ce qu'il était. A une époque, on attendait la sortie du prochain parfum Dior ou Yves Saint Laurent avec impatience, et on se le faisait offrir car c'était un produit de luxe. Aujourd'hui, la femme gagne sa vie et les parfums sont toujours de plus en plus nombreux : la consommation dans une parfumerie n'est donc plus un moment privilégié. L'une des conséquences de ce changement, c'est que les femmes ne savent plus comment se parfumer. Elles vaporisent trop près de la peau, donc le parfum coule, alors elles frottent leurs poignets pour les sécher, et la pyramide olfactive se déconstruit. Le bon geste : brumiser de manière légère, pour s'envelopper de parfum.

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