Portrait : Anne-Marie Payet, sénatrice rebelle

Mardi 20 octobre au soir, cette originale a encore fait du bruit dans l'hémicycle. L'amendement pour informer les femmes enceintes sur les dangers de l'alcool, si bien relayé dans les médias en ce moment, c'est son oeuvre. Si les sénateurs - et particulièrement ses camarades de l'UMP - n'étaient pas vraiment pour, son initiative audacieuse a forcé le projet de loi à passer, et Philippe-Douste Blazy, ministre de la santé, à venir s'expliquer devant le Sénat pour affirmer l'avis favorable du gouvernement à cet amendement.

Qui est donc cette nouvelle coqueluche de la politique ? Jeune (55 ans, soit bien moins que la moyenne d'âge des sénateurs) et très engagée, notamment dans les commissions sociales et féministes, Anne-Marie Payet a pourtant atterri en politique par erreur. En 2001, cette directrice d'école était juste l'élue municipale de la petite commune de Cilaos, à la Réunion. Etre sénateur ? C'était à la fois hors de portée et hors de ses préoccupations. "Je ne m'intéressais pas du tout à ce poste très convoité", a-t-elle confié au quotidien Libération.

C'est compter sans deux candidats UDF et RPR du coin qui pensent à elle pour fournir un nom féminin sur leur liste, une sorte d'alibi pour la parité. Leur plan : dès le scrutin passé, elle se désisterait de sa seconde place au profit du numéro 3. Bref, une simple potiche politique. Seulement voilà, quand la potiche comprend qu'elle a été manipulée, elle refuse de marcher dans la combine. Et conserve, après l'élection, sa place au Sénat.

Voilà donc comment elle débarque à Paris et prend à coeur son nouveau rôle. L'amendement du projet de loi sur les droits des handicapés, visant à informer les femmes du danger de l'alcool sur l'étiquette des bouteilles, elle l'a défendu depuis plus de neuf mois. Lancée en janvier dernier, l'idée a bien sûr fait bondir le lobby viticole. Jean-François Mattei, alors ministre de la santé, donne un avis défavorable. En juillet, Anne-Marie Payet revient à la charge et représente son projet. A ce moment, le parquet de Lille est en train d'ouvrir une enquête parlementaire sur les effets néfastes de l'alcool pour le foetus. L'opinion s'émeut alors. On connaît la suite, et c'est gagné - du moins pour l'approbation du Sénat, car le reste est une autre histoire. A suivre de près, comme son instigatrice.

En savoir plus
La page d'Anne-Marie Payet sur le site du Sénat :
www.senat.fr/senfic/payet_anne_marie01009n.html